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La Saint-Jean-Baptiste en Ontario français, une fête politique (1945-1980)

Par Jacques-André Blouin, le 20 June 2014

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Source : Ph19-7 Un char allégorique du défilé de la Saint-Jean-Baptiste de Cornwall (Ontario), ca 1964. Photo : Marysse Photo. Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Fédération des sociétés Saint-Jean-Baptiste de l’Ontario (C19).

 

La fête nationale des Canadiens français est bien ancrée dans notre mémoire collective. Enracinée en sol ontarien depuis le milieu du XIXe siècle simultanément à l’installation des Canadiens français, la fête de la Saint-Jean a longtemps été perçue par l’élite nationaliste comme une occasion de se rassembler et d’illustrer, par des manifestations, l’existence d’une société distincte, française et catholique. Elle doit également servir de moment de réflexion permettant de prendre conscience des défis propres au fait minoritaire, mais aussi des liens unissant les minorités françaises au foyer national québécois. L’architecte de ce programme est la Société Saint-Jean-Baptiste (S.S.J.B.), une association patriotique fondée à Montréal en 1842 et présente partout au Canada français. Bien que celle-ci soit absente du paysage ontarien au XXIe siècle, la société a œuvré à l’organisation des célébrations pendant la majeure partie du XXe. On vous propose ici de plonger dans la Saint-Jean-Baptiste traditionnelle et de découvrir le rôle joué par ses organisateurs. En arpentant les coulisses de la fête, nous tracerons les contours des grandes transformations qui ont marqué l’évènement pendant les années 1960, dont l’impact de la rupture institutionnelle du Canada français et de la marginalisation de la dimension religieuse.

 

Un témoignage de puissance

Fondée le 26 mars 1939 dans le but de grouper l’ensemble des S.S.J.B. régionales et locales, la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste (F.S.S.J.B.O.) est l’organisme qui chapeaute les fêtes en Ontario. Laissant aux sociétés locales le soin d’organiser et de financer les festivités, la Fédérations’occupe de définir le sens de la fête et d’en assurer la cohésion sur le territoire ontarien. Ceci devient d’autant plus vrai après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le réseau associatif éprouve le besoin d’accroitre sa capacité à mobiliser les francophones devant l’intérêt grandissant du gouvernement fédéral à définir des politiques sur l’identité canadienne qui iraient à l’encontre des francophones. La F.S.S.J.B.O. se perçoit alors comme la « sentinelle » des Franco-Ontariens en veillant à leurs intérêts patriotiques. Elle cherche également à « rendre le peuple meilleur » en lui enjoignant de garder vivantes ses traditions, sa langue et sa religion. Ce discours appelle à davantage de vigilance face aux influences « subtiles et d’autant plus dangereuses qui s’infiltre constamment au milieu de nous (…) » (LeDroit, 18 juin 1960). Ces influences nocives sont l’individualisme et le matérialisme, deux « maux » issus de la société américaine qui encouragent l’anglicisation et sapent la capacité de la communauté francophone de se grouper et de démontrer son appartenance à une culture nationale distincte (F.S.S.J.B.O., 13 mai 1960). La fête nationale se veut ainsi l’instrument privilégié pour les combattre. Elle montre le caractère structurant et vivant de la nation canadienne-française, comme l’explique la chercheuse Katia Maulausséna (2002). Elle sert de « témoignage de puissance » à la société majoritaire qui l’entoure et à tous ceux qui rejettent l’idée de la dualité canadienne (LeDroit, 8 juin 1950). Elle doit aussi être une occasion de manifester les sentiments d’appartenance à la nation canadienne-française, de bâtir la conscience historique et de consolider le poids politique de la communauté. En mobilisant les francophones en province, la Fédération estime être en mesure de démontrer la force du groupe. Célébrée autant au Québec qu’ailleurs au Canada, la Saint-Jean-Baptiste en Ontario n’est pas qu’une simple copie de la fête québécoise (Rivet, 1976 : 184) : les élites franco-ontariennes développent un discours axé sur les défis d’une communauté en situation minoritaire en réclamant davantage de services en français par exemple.

 

Les symboles de la fête nationale

En 1950, les SSJB d’Ottawa, de Hull et d’Eastview mettent sur pied un protocole conjoint afin de célébrer la fête nationale sur les deux rives de la rivière des Outaouais. Les trois « villes sœurs » sont l’hôte d’activités pouvant s’inscrire dans un « portrait synthèse de la Saint-Jean-Baptiste traditionnelle » selon l’expression de l’historien Marc Ouimet (Ouimet, 2011 : 54). Le défilé est organisé annuellement et se veut l’évènement phare des célébrations jusqu’au milieu des années 1960. Chars allégoriques, contingents de marcheurs, fanfares et voitures pour les dignitaires côtoient la foule qui se rassemble pour l’occasion. En milieu urbain, le défilé sert à démontrer la capacité des institutions de se mobiliser la communauté francophone et d’occuper l’espace public. Chaque année, la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste envoie des mots d’ordre concernant le thème du défilé. Par exemple, le thème proposé en 1953, «nos mouvements, nos institutions, nos sociétés », cherche à promouvoir le coopératisme incarné par les caisses populaires et le scoutisme par exemple. Chaque société régionale est libre de suivre ou d’adapter ces thèmes en fonction de sa capacité organisationnelle.

D’autres activités meublent le répertoire des fêtes. On organise aussi des banquets, des messes, des compétitions sportives, des soirées dansantes et le traditionnel feu de joie. Bien qu’il s’agisse d’une tradition païenne célébrant le solstice d’été ayant ensuite été reprise par l’Église catholique, cette coutume cherche avant tout à commémorer le feu allumé par le Gouverneur de Montmagny à Québec en 1636 à l’occasion de la première célébration de la Saint-Jean répertoriée dans la colonie. D’ailleurs, quand il est question de l’histoire, ce sont principalement les lieux, les personnages et les évènements liés à de la Nouvelle-France qui sont mobilisés. En rappelant l’antériorité du groupe sur le territoire, la F.S.S.J.B.O. cherche ainsi à légitimer la présence de la communauté franco-ontarienne.

Il ne faut pas passer sous silence le rôle central joué par Saint Jean-Baptiste lui-même. Bien plus qu’une figure incarnée par un enfant dans les défilés, il représente les valeurs et les sentiments chers aux Sociétés qui portent son nom. Le Saint-Patron des Canadiens français y est vu comme un modèle à suivre pour la population (Gervais : 2003 : 26). Parce qu’il est un précurseur, précédant la venue du Christ par la transmission du baptême, les dirigeants de la SSJB invitent les Franco-Ontariens à être à l’avant-garde dans la défense et la transmission de leur identité : « À l’exemple de notre saint patron qui avait la mission de préparer les voies à la venue du Rédempteur , estiment-ils au Droit en 1962, […] efforçons-nous en cette circonstance d’être les témoins de cet héritage religieux et culturel que nous avons reçu afin de le partager à notre génération et de le léguer aux générations futures » (LeDroit, 22 juin 1962).à

 

La Saint-Jean-Baptiste « traditionnelle » critiquée

Longtemps perçu comme le symbole phare du sentiment de solidarité entre les membres de la « famille canadienne-française », le sens de la fête nationale est contesté au milieu des années 1960 au plan de ses dimensions nationales et religieuses. Les grandes ruptures institutionnelles bousculant les relations entre les communautés francophones du Canada, la territorialisation de leurs identités et l’intérêt qu’elles suscitent auprès des différents échelons de gouvernement viennent altérer le contexte dans lequel se déroule son organisation. La jeune génération critique le réseau associatif traditionnel et les célébrations sont taxées d’élitistes. En Ontario français, cette période est vécue différemment en fonction des régions. Si la fête moins vivante à Ottawa, elle surprend par ses mobilisations ailleurs en province.

Cette période coïncide avec la phase de décroissance pour les Sociétés Saint-Jean-Baptiste, ce qui amenuise leur capacité organisationnelle. En 1973, le président de leur fédération Raoul Boyer confiera, « les vieux ont voulu laisser la place aux jeunes, sans toutefois réaliser que leur intérêt n’est pas le même ». Le recrutement et le vieillissement des effectifs ne sont pas les seuls problèmes auxquels les SSJB doivent faire face en Ontario. Il reconnait aussi que ses membres ont eu à subir le contrecoup de la « désaffection des sociétés similaires au Québec » en raison de l’adoption par leur fédération provinciale d’un mandat souverainiste en 1969. Bien qu’il convienne que les fêtes de la Saint-Jean Baptiste aient perdu de leur éclat, notamment à cause de l’abandon de son caractère religieux, il demeure persuadé « […] qu’il doit exister sur le plan nationaliste, un lien entre le passé, le présent et l’avenir » (LeDroit, 23 juin 1973).

Durant cette période de remise en question, certains estiment que la fête du 24 Juin ne cadre plus aux besoins des Franco-Ontariens. C’est l’avis de l’historien Séraphin Marion, pour qui la Saint-Jean n’a jamais été l’objet de célébrations considérables en Ontario, un avis partagé par Omer Deslauriers, président général de l’Association Canadienne française de l’Ontario (ACFO). Disant respecter «la tendance actuelle des Franco-Ontariens de vouloir célébrer individuellement la Saint-Jean », il refuse de voir l’ACFO s’impliquer dans l’organisation des fêtes. Selon lui, les Franco-Ontariens ont assez de personnalité « sans se faire imposer ce genre de fête, un genre d’association qui ne corresponde pas à sa réalité » (LeDroit, 23 juin 1973).

L’opinion de Deslauriers n’est pas partagée ailleurs en province. Notons que les fêtes, de quelque nature qu’elles soient, sont traversées par des interprétations concurrentielles. Alors qu’à Ottawa, on tend davantage à mettre l’accent sur une identité franco-ontarienne individuelle et détachée de la mémoire canadienne-française, l’exemple des fêtes dans l’Est ontarien démontre plutôt une volonté à célébrer le passé comme vecteur identitaire. À Saint-Isidore de Prescott, le défilé se veut un tableau de la culture et du nationalisme canadien-français. Cette persistance à célébrer une Saint-Jean plus traditionnelle intrigue le journaliste Claude Picher : « Y a-t-il une Saint-Jean-Baptiste pour les Québécois et une autre pour les Franco-Ontariens? […] Si au Québec, la Saint-Jean s’identifie de plus en plus aux revendications sociales et nationalistes, en Ontario on continue de glorifier les valeurs de jadis, la terre, la foi, les ancêtres » (LeDroit, 26 juin 1972).En fait, les fêtes dans cette région prennent des proportions gigantesques au cours des années suivantes (Gagnon & Miville : 2012). Le caractère structurant de la Saint-Jean est également perceptible dans la presse franco-ontarienne comme le mentionne Serge Miville. Les éditoriaux, les publicités et la couverture médiatique tendent à démontrer la continuité plutôt que la rupture (Miville : 2012 : 158-161).

***

Telle qu’elle se présente à l’aube de la décennie 1980, la fête continue d’être perçue comme un évènement politique, mais non partisan, qui cherche à affirmer l’existence d’une culture distincte et un sentiment d’unité dans l’ensemble des communautés francophones au Canada. Même si les Sociétés Saint-Jean-Baptiste ont passé la main dans la plupart des régions, une nouvelle génération d’organisateurs a pris le relai et s’est approprié la « fête à Baptiste ». Elles n’ont plus tout à fait la même signature : les défilés ont fait place aux concerts dans bon nombre de localités et on ne mobilise plus aussi fortement les symboles nationaux et religieux. Néanmoins, la fête continue d’être significative et la participation populaire témoigne du besoin de la communauté, même si redéfinie, de se rassembler.

 

Bibliographie

Sources primaires

Fonds d’archives (Centre de recherche en civilisation canadienne-française)

Roger Charbonneau. « Aux sociétés affilées », 9 avril 1950, Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds FSSJBO, C19/4/7.

Grégoire Farell. « Circulaire du 13 mai 1960 », Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds FSSJBO, C19/4/8.

[s.a.] « Message aux présidents et officiers des sociétés », 14 octobre 1965, CRCCF, Fonds FSSJBO, C19/4/5.

 

Journaux

Waldo Guertin. « Pour la fête nationale » Le Droit, 8 juin 1950.

«Un anniversaire que l’on peut passer inaperçu», Le Droit, 18 juin 1960.

Joseph Matte. « Vœux de solidarité de la SSJB de l’Outaouais Nord », Le Droit, 22 juin 1962.

Claude Picher. « On glorifie les valeurs de jadis », Le Droit, 26 juin 1972.

Solange Plourde-Gagnon. «La fête de tous les Canadiens français», Le Droit, 23 juin 1973.

Solande Plourde-Gagnon. « La Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste : Elle ne fait pas beaucoup de bruit, mais elle est vivante », Le Droit, 23 juin 1973.

 

Sources secondaires

Articles et livre

Gagnon, Marc-André (2014). « Le Canada français vit par ses œuvres : la Saint-Jean-Baptiste vue par le journal Le Droit, 1950-1960», Francophonie d’Amérique, n° 35, printemps 2013. À paraître.

Gagnon, Marc-André et Serge Miville (2012). « L’horizon nationalitaire et l’avenir de la francophonie canadienne : Le cas de la Saint-Jean-Baptiste (1968-1986) », dans La Relève, vol. 3, n° 1, p. 18-19.

Gervais, Gaétan (2003). Des gens de résolution : le passage du Canada français à l’Ontario français, Sudbury (Ontario), Éditions Prise de Parole, 229 p.

 

Thèses

Boisvert, Donald Luc (1990). Religion and Nationalism in Québec: the Saint-Jean-Baptiste Celebrations in Sociological Perspective, thèse de doctorat (études religieuses), Ottawa, Université d’Ottawa, 396 p.

Dupuis, Serge (2013). Le passage du Canada français à la Francophonie mondiale : mutations nationales, démocratisation et altruisme au mouvement Richelieu, 1944-1995, thèse de doctorat (histoire), Waterloo, Université de Waterloo, 368 p.

Malausséna, Katia (2002). Essai d’archéologie comparée des commémorations nationales anglaises, françaises et québécoises (1980-2000), thèse de doctorat (histoire), Québec, Université Laval, 1126 p.

Miville, Serge (2012). « À quoi sert au Canadien-Français de gagner l’univers canadien s’il perd son âme de francophone? » Représentations identitaires et mémorielles dans la presse franco-ontarienne après la “rupture” du Canada français (1969-1986), thèse de maîtrise (histoire), Ottawa, Université d’Ottawa, 246 p.

Ouimet, Marc (2011). Le lys en fête, le lys en feu : la Saint-Jean-Baptiste au Québec de 1960 à 1990, mémoire de maîtrise (histoire), Montréal, Université du Québec à Montréal, 192 p.

Rivet. Laurier (1976). La Saint-Jean-Baptiste à Ottawa, 1853-1953, thèse de maîtrise (histoire), Ottawa, Université d’Ottawa, 171 p.

 

Marc-André Gagnon poursuit un doctorat en histoire à l’Université de Guelph, après avoir complété une maîtrise en histoire à l’Université d’Ottawa. S’intéressant principalement à l’histoire politique du Canada français et aux mouvements sociaux, son doctorat a pour objet les Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec et du Canada français.

La persuasion : la stratégie oubliée du combat contre le Règlement XVII

Par Jacques-André Blouin, le 24 September 2013

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Pour expliquer la genèse du Règlement XVII, on remonte habituellement au fait que l’école, autrefois un instrument local de sociabilité, évoluait à cette époque pour devenir un mécanisme qui inculquerait un nationalisme aux enfants des masses. On rappelle aussi l’augmentation du contingent canadien-français en Ontario, qui est passé de 14 000 à 248 000 âmes entre 1842 et 1921 et qui donnait l’impression aux Ontariens que cette population envahissait les régions frontalières. On mentionne enfin que les catholiques d’origine irlandaise craignaient que la langue française ne vienne menacer le financement public de leurs écoles séparées. Ces appréhensions ont mené l’Ordre d’Orange et plusieurs catholiques d’origine irlandaise à faire pression pour que Toronto exige l’enseignement de l’anglais dans l’ensemble de ses écoles, dont dans les écoles bilingues des Canadiens français et des contingents allemands du Sud-Ouest ontarien. En 1890, la province a exigé que toute matière soit enseignée en anglais. Cependant, son vœu d’enrayer le français ne serait pas exaucé, car ce Règlement II prévoyait une échappatoire pour les enfants qui comprenaient mal l’anglais, ce qui en a plus ou moins suspendu la mise en vigueur dans les écoles anglaises-françaises.

Plusieurs historiens, dont Gaétan Gervais et Robert Choquette, et littéraires, dont René Dionne, ont misé sur la résistance des Canadiens français à l’interdiction d’enseigner en français dans les écoles ontariennes entre 1912 et 1927. Ce faisant, ils ont toutefois négligé les efforts de cette population à persuader le gouvernement de renoncer à sa politique assimilatrice. Cet article, inspiré des études bien connues, des publications récentes des historiens Michel Bock et Jack Cécillon et de nos recherches dans le fonds de l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (ACFÉO) vise à souligner, au-delà des résistances et des mobilisations, l’importance de la persuasion dans le dénouement du Règlement XVII. La résistance de 1912 à 1916 ne lui remportant pas les résultats escomptés, l’ACFÉO a changé son fusil d’épaule après la Première Guerre mondiale, afin de passer à une action plus discrète. Ce sont les efforts de l’organisme porte-parole pour altérer les mentalités du clergé d’origine irlandaise, du Ministère d’Éducation et des élus à Queen’s Park qui, jugeons-nous, ont marqué la résistance dans la durée et qui ont été tout aussi, si pas plus importants, à l’abrogation du Règlement que les spectacles de désobéissance civile, qui sont aujourd’hui ancrés dans la mémoire des Franco-Ontariens. Pendant cette période, l’élite nationaliste a aussi travaillé à persuader le clergé canado-irlandais et la hiérarchie romaine du bien-fondé de la langue française dans les écoles et les paroisses catholiques. Ces mêmes militants ont aussi tâché de persuader Toronto qu’il serait possible que les Franco-Ontariens apprennent bien l’anglais tout en recevant un enseignement dans leur langue maternelle. Enfin, ils ont empêché les Canadiens français eux-mêmes d’abdiquer en faveur de la conception impérialiste et anglo-saxonne du Canada, car le « pacte entre deux peuples », auquel adhérait l’ACFÉO, entendait que chacune des nations fondatrices puisse s’attendre à faire instruire ses enfants dans sa langue.

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Le rapport des francophones de Sudbury à la langue française, 1968-1975

Par Michel Laforge, le 24 September 2013

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Nul ne serait surpris du constat que les questions identitaires liées à la langue au Canada ont été étudiées à plusieurs reprises. En histoire franco-ontarienne, Gratien Allaire et Gaétan Gervais soulignent la profondeur de la rupture du Canada français, tandis que Michel Bock, François-Olivier Dorais, Serge Dupuis et Serge Miville soulignent plutôt un démantèlement progressif de ce projet de société entre les années 1950 et 1990. Le sociologue Joseph Yvon Thériault remarque, pour cette période, le recul de l’ambition des francophones hors Québec pour privilégier une réalité « nationalitaire », parfois plus près de l’intention collective d’un groupe ethnique que celle d’un groupe national.  Roger Bernard (Bernard, 1994) et Monica Heller (Heller, 1994) ont plutôt souligné l’intégration des jeunes à une identité bilingue, fragmentée et hybride.

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Gaétan Gervais : Penser l’Ontario français dans la continuité du Canada français

Par Jacques-André Blouin, le 12 September 2013

GaétanL’histoire n’est pas seulement qu’affaire de masses, de contraintes structurelles et de tendances lourdes. Elle est aussi le fait de la volonté humaine, de l’action des individus sur le réel qui, à un moment ou un autre, réussissent à s’imposer pour changer le cours des choses. Gaétan Gervais fait partie de ces figures exceptionnelles qui ont su peser sur le destin collectif des Franco-Ontariens. Si l’historien sudburois est connu aux yeux du grand public pour ses nombreux engagements civiques, notamment à titre de co-créateur du drapeau franco-ontarien en 1975, il ne faudrait pas diminuer l’importance intellectuelle, théorique et scientifique de son œuvre. Celle-ci ne se réduit pas à lui-même, ni à l’univers académique, mais s’étend à la mesure de la collectivité à laquelle il appartient. Lisez la suite…

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